Mgr Yves-Nicodème Anani Barrigah-Benissan, Archevêque Métropolitain de Lomé, s’est éteint hier dimanche 4 août 2024 à l’hôpital Dogta-Lafiè à Lomé. L’annonce de la surprenante nouvelle, a été rendue publique par la Conférence des Evêques du Togo (CET).
Mgr Nicodème Barrigah-Benissan venait de fêter en mai dernier ses 61 ans. La taille courte, le visage habituellement gai sous une paire de lunettes à fines montures, l’ancien élève à l’Ecole primaire catholique Immaculée Conception à Nyékonakpoé à Lomé, passé notamment par le Petit Séminaire Saint Pie X d’Agoènyivé et le Séminaire Saint Gall à Ouidah au Bénin, n’était pas au mieux de sa forme, pour ceux qui l’ont vu ces derniers temps. Son décès est plus qu’une grande perte pour toute la communauté catholique togolaise.
Yves-Nicodème Anani Barrigah-Benissan est ordonné prêtre il y a 37 ans, en août 1987, en la Cathédrale Notre Dame de la Trinité d’ Atakpamé. Il y a servi une année en qualité de vicaire dans ladite paroisse. Après trois ans d’études de théologie dogmatique entre 1988 et 1990 à l’Institut catholique d’Abidjan, puis en Droit canon à Rome et à l’Université urbanienne et de diplomatie à l’Académie pontificale, il sert au service diplomatique du Saint-Siège à Vatican. Il a servi ensuite au sein de nombreuses nonciatures notamment au Rwanda où il a apporté sa contribution dans la gestion des dossiers judiciaires liés au génocide ayant eu lieu au milieu des années 1990 dans ce pays de l’Afrique de l’Est.
Après un détour au Salvador en Amérique latine puis en terre ivoirienne lors de la crise post-militaire consécutive au scrutin présidentiel controversé de mai 2011, le futur évêque d’Atakpamé a servi pendant une année entre mars 2007 et mars 2008 en Israël.
Il est ordonné Evêque du Diocèse d’Atakpamé à peine 45 ans, tout en servant comme Président du Conseil épiscopal « Justice et Paix » au sein de la Conférence des Evêques du Togo (CET). Il a par la suite présidé, en 2012, la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR), destinée à élucider les violences socio-politiques qui ont eu lieu au Togo.
Mgr Nicodème Barrigah est nommé en qualité d’archevêque de Lomé en novembre 2019 pour succéder à Mgr Denis Komivi Amuzu-Dzakpah, atteint par la limite d’âge. En outre, il a été Administrateur apostolique à Atakpamé dans la région des Plateaux, avant de prendre officiellement ses fonctions en janvier 2020 à Lomé.
De son vivant, feu Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, ancien évêque d’Atakpamé et de Lomé et ancien Président de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) de Juillet-août 1991, a reproché dans une lettre ouverte publiée en janvier 2021 à son collègue Mgr Nicodème Barrigah qui dans un rôle de médiateur lié à la crise post-électorale de février 2020, de s’être « dérober à ses responsabilités en remettant l’église sous les bottes de la dictature sanguinaire».
Outre ses responsabilités de serviteur de l’Eglise catholique au Togo, Mgr Yves-Nicodème Anani Barrigah-Benissan est connu pour ses talents à la fois de dramaturge, de guitariste et de chanteur. A son actif de nombreuses publications dont « Le trône royal », édité aux Nouvelles Editions Africaines du Togo en 1993 ; « La diplomatie pontificale au service de la liberté de religion », (thèse de Doctorat en Droit canonique-Rome 1997) et une douzaine de CD (musique et parole).
Des dispositions liées aux obsèques de l’évêque disparu seront incessamment communiquées, à en croire la Conférence Episcopale du Togo.
Ekoué Satchivi
