
La Dynamique de la Majorité pour le Peuple (DMP) a lancé, vendredi 10 janvier, ses activités pour l’année 2025. Occasion à la coalition de dresser un bilan exhaustif de l’année écoulée tout en traçant des perspectives pour une année charnière dans la lutte pour la démocratie au Togo. À travers une analyse critique du bilan de 2024, la DMP a fixé des perspectives ambitieuses pour 2025, une année qu’elle considère comme décisive dans la lutte pour la démocratie et la justice sociale au Togo.
Bilan 2024 : Un terreau de défis multiples
L’année 2024 a laissé des cicatrices profondes. Sur le plan politique, la DMP a dénoncé la perpétuation des fraudes électorales lors des scrutins législatifs et régionaux d’avril, qualifiés de « théâtre de manipulation ». L’adoption controversée de la nouvelle Constitution en mars, instaurant un régime parlementaire est taxée « coup d’État constitutionnel ». Pour la coalition, cette Constitution controversée n’est qu’un subterfuge pour asseoir une monarchisation du Togo.
« Sur le plan politique, notre pays va très mal. Il est en crise. La preuve, c’est que la question des violations des droits de l’homme, c’est-à-dire des détenus, par exemple, qui sont de la société civile et des partis politiques qui ne peuvent pas jouir de la liberté de réunion, de la liberté de manifestation. Eh bien, cette question a préoccupé un partenaire important du Togo, le MCC, qui a dû suspendre l’éligibilité du Togo à un financement important en lui demandant de régler ce problème qui se pose en plus du passage forcé de la quatrième république à la cinquième république, un passage qui n’est pas accepté par les populations », a déclaré Mme Johnson-Adjamagbo.
Sur le plan social, la coalition a déploré une pauvreté endémique qui touche 78% de la population, exacerbée par une inégalité criante entre une minorité opulente et une majorité appauvrie. Les secteurs de la santé et de l’éducation, en sous-financement chronique, restent incapables de répondre aux besoins de base des citoyens.
« Concernant la situation sociale, l’analyse montre que l’année 2024 a été une année de grande souffrance, encore une fois, et je dirais même de souffrance accrue pour les Togolais. Il y a eu des sondages qui ont été faits par Afrobaromède, par exemple, qui montrent que 78% des Togolais n’ont pas eu accès aux moyens financiers dont ils ont besoin pour vivre et que, dans cette même proportion-là, ou presque, ils pensent que le régime est incapable à trouver des réponses adéquates à cette situation », a-t-elle déploré.
Avant de renchérir : « La preuve, c’est que quand vous regardez la structure de notre budget, vous voyez qu’en 2025, presque la moitié de ce budget va être utilisée pour rembourser notre dette et le service de la dette, et que nos sociétés d’État, qui auraient dû nous apporter des ressources substantielles, n’ont qu’une très faible contribution qui représente à peu près 3% du budget de 2025. Ce qui n’est pas normal. Et ce que nous avons remarqué aussi, c’est que ça altère la capacité d’investissement du Togo. Quand vous regardez dans le budget, les ressources qui sont prévues, les fonds d’investissement, qui sont financés par des ressources internes, représentent environ 5%, alors que les projets d’investissement alimentés et financés, surtout de l’extérieur, représentent 95% ».
2025 : Une année d’opportunités et de choix décisifs
La DMP voit en 2025 une année charnière. Alors que le régime prévoit la mise en œuvre complète des institutions de la 5ème République le 6 mai, la coalition appelle à une mobilisation populaire pour empêcher la consolidation d’un système qu’elle qualifie d’antidémocratique. « Les perspectives nous lancent beaucoup de défis. Le défi, c’est que cette année, nous puissions atteindre le niveau de mobilisation pour que le changement que nous attendions puisse être opéré. Il n’y a que la mobilisation du peuple qui puisse venir à bout de ce régime qui ne veut pas entendre raison et qui a créé une situation extrêmement grave où il veut forcer les choses », a exhorté Mme Adjamagbo-Johnson.
La DMP rappelle que, selon la Constitution de 1992, le mandat actuel du chef de l’État expire le 6 mai 2025. Elle exhorte le gouvernement à organiser des élections présidentielles dans les délais constitutionnels, « faute de quoi, le Togo entrera dans une situation de vide institutionnel, et le peuple sera en droit de reprendre son pouvoir ».
« On va créer une situation où nous allons arriver au 6 mai 2025 où, dans la tête de tous les Togolais, nous nous disons, ça y est, c’est la fin du mandat de l’actuel tenant du pouvoir. Il nous faut élire un autre président de la République. Parce que le peuple n’a pas consenti à se départir de son droit souverain d’élire le premier responsable de ce pays. Donc, c’est une année pleine de défis, pleine de défis. Le combat sera rude. C’est pour ça que nous nous disons, nous ne pouvons compter que sur la mobilisation des Togolais », a estimé Mme Adjamagbo-Johnson.
La DMP appelle toutes les forces vives du pays – syndicats, associations, étudiants, commerçants, agriculteurs, diaspora – à se préparer pour une lutte pacifique mais résolue. Sur le plan international, la coalition intensifiera ses plaidoyers auprès des partenaires étrangers pour dénoncer les violations des droits humains et renforcer la pression sur le régime. La coalition s’engage également à travailler pour une transition démocratique réelle. Cela inclut la refonte des institutions pour garantir leur indépendance, la lutte contre la corruption, et la mise en œuvre de politiques publiques inclusives. Pour la coalition, « 2025 doit marquer le début d’une véritable renaissance démocratique pour le Togo ».
La DMP a conclu en lançant un appel à l’unité des forces démocratiques, tout en dénonçant le manque de coordination observé jusqu’à présent. « Le changement que nous souhaitons pour le Togo ne peut venir que d’une mobilisation collective et coordonnée. L’histoire nous jugera si nous échouons à saisir cette opportunité (…) Ensemble, nous écrirons une nouvelle page de l’histoire de notre pays. Mobilisons-nous pour que 2025 soit l’année du changement ».
Joël D.




