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La députée française, Dominique Voynet, saisit le Quai d’Orsay sur le drame du Togo

Le silence de la diplomatie française face à la dérive autoritaire du régime togolais n’est plus tolérable, estime la députée française, Dominique Voynet. Dans une lettre adressée, le 8 octobre, au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, l’élue écologiste du Doubs dénonce les atteintes graves aux libertés publiques au Togo et appelle Paris à rompre avec ce qu’elle qualifie d’« héritage de la Françafrique ».

La parlementaire, membre de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale française, tire la sonnette d’alarme sur la répression féroce qui s’abat sur les Togolais. « Les manifestations y sont désormais tout bonnement interdites, les arrestations et la détention de manifestants sont devenues monnaie courante », écrit-elle.

Dominique Voynet cite notamment les rafles opérées lors des manifestations des 5 et 6 juin à Lomé, suivies d’actes de torture rapportés par Amnesty International dans une note du 17 juin 2025. Elle rappelle que le Togo a déjà été condamné à plusieurs reprises par la Cour de justice de la CEDEAO pour des violations similaires.

La députée s’indigne également du traitement infligé aux artistes qui osent élever la voix. Le rappeur Tchala Essowé Narcisse, alias Aamron, arrêté après avoir appelé à manifester, a été interné de force dans un hôpital psychiatrique sans la moindre charge. Le poète Honoré Sitsopé Sokpor, alias Affectio, reste détenu depuis janvier pour un simple texte publié sur les réseaux sociaux. « Leur crime ? Avoir exprimé librement leurs opinions », déplore Dominique Voynet.

Pour elle, la crise démocratique togolaise a franchi un nouveau cap avec l’imposition de la Constitution de 2024, qui fait de Faure Gnassingbé le « Président du Conseil » et lui permet de rester au pouvoir sans limite de mandat. « Les Togolais, habitués aux manœuvres institutionnelles de leur président, se retrouvent désormais otages du régime, malgré leur courageuse mobilisation citoyenne », s’insurge la députée. Qui reproche à la France de cautionner, par son silence, les dérives autoritaristes du régime de Faure Gnassingbé. Hormis un « timide appel au dialogue apaisé » lancé en mai 2024, rappelle-t-elle, Paris n’a pris aucune position claire sur les violations des droits humains. Même lors de la rencontre du 15 août 2024 entre Emmanuel Macron et Faure Gnassingbé, les questions de démocratie et de droits fondamentaux auraient été soigneusement évitées.

« La France ne doit pas laisser croire que ses relations avec le Togo sont un vestige des pires heures de la Françafrique. La peur d’un retournement stratégique ne peut justifier la complaisance vis-à-vis d’un régime autoritaire », insiste Dominique Voynet.

L’ancienne ministre appelle enfin le gouvernement français à aligner sa politique africaine sur ses valeurs démocratiques. « La politique tournée vers la jeunesse africaine doit commencer par soutenir leur lutte pour la liberté d’expression et les droits civiques », tranche-t-elle.

Ce n’est pas la première fois que le ministre français des Affaires étrangères est interpellé sur la situation du Togo. En juillet dernier, il avait été interpellé par le député Aurélien Taché, lui aussi membre de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale française. Ceci, après la répression sanglante des manifestations des 26, 27 et 28 juin qui a fait sept (07) morts, selon la société civile. Le 2 juillet, Jean-Noël Barrot, avait appelé les autorités togolaises à faire toute la lumière sur les accusations de torture après ces manifestations.

De même, Survie, une association qui lutte contre le néocolonialisme français en Afrique sous toutes ses formes, la Françafrique, avait, elle aussi, dénoncé la France comme une complice silencieuse de l’écrasement des Togolais. « L’association Survie exprime toute sa solidarité avec les manifestants togolais réprimés dans le sang et dans le silence pour leur opposition au règne de Faure Gnassingbé, issu de la dynastie à la tête du Togo depuis 60 ans. La violence mortelle du régime dictatorial –maintenu au pouvoir notamment grâce à l’appui de Bolloré- se déchaîne grâce à la complaisance du gouvernement français. Le « pays des droits de l’Homme », silencieux lors du coup d’état institutionnel d’avril 2024, fait fi des violations des droits humains et maintient coûte que coûte sa coopération militaire et policière avec Lomé », s’était notamment indignée l’association.

Joël D.

 

 

 

 

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