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Relations entre les Etats-Unis et les pays africains : Quel sort sera réservé à l’AGOA avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ?

Elu le 05 novembre, le Président Donald John Trump, 79 ans, verra s’ouvrir, le 20 janvier 2025, les portes de la Maison Blanche, quatre ans après l’avoir quittée. Mais avec son slogan « L’Amérique d’abord », on se demande le sort qui sera réservé l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) qui s’achève en 2025.

A l’annonce de la victoire du Républicain Donald Trump face à la Démocrate Kamala Harris, les dirigeants africains se sont empressés d’adresser des messages de félicitation au 47ème Président des Etats-Unis d’Amérique. Le président du Nigéria, Bola Tinubu, a exprimé l’espoir que le second mandat de M. Trump apporterait « des partenariats économiques et de développement réciproques entre l’Afrique et les États-Unis ». De son côté, le chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi, a salué une « belle victoire » et s’est dit prêt à collaborer avec le nouveau président américain et à renforcer ce qu’il qualifie de partenariat stratégique entre la RDC et les États-Unis, des pays qui, selon lui, « entretiennent déjà de bonnes relations amicales et de coopération ».

Dans son message, le Sud-africain Cyril Ramaphosa espère que la « collaboration étroite et mutuellement bénéfique » entre les eux nations pourra continuer, et souhaite travailler de concert avec le gouvernement américain. Dans le télégramme du Président camerounais, Paul Biya, qui cumule à lui seul plus de 10 mandats présidentiels américains, on pouvait lire : « Je ne doute pas que comme par le passé, nous saisissons cette remarquable opportunité pour œuvrer ensemble au renforcement des relations anciennes entre le Cameroun et les Etats Unis d’Amérique ». « Cette nouvelle ère nous offre l’opportunité de consolider le partenariat entre nos deux pays, fondé sur des voleurs commues de paix, de progrès et de respect des droits humains », a écrit pour sa part Faure Gnassingbé dont la seule famille règne sur le Togo depuis 1967, quand Trump avait 21 ans.

Après l’euphorie et le formalisme diplomatique, les choses sérieuses commencent dès le 20 janvier et il y a lieu de s’interroger ce que seront les relations entre les Etats-Unis et l’Afrique quand on sait que, lors de son premier mandat, il avait traité certaines nations de « pays de merde ». Et le premier grand enjeu sera le renouvellement de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) qui s’achève en 2025.

En effet, la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA) qui a été votée par le Congrès américain en 2000 sous la présidence démocrate de Bill Clinton, vise à ouvrir le marché américain à des produits exportés par des pays africains sans droits de douane mais sous certaines conditions, à savoir adopter une économie libérale et des valeurs de la démocratie et des droits humains. De 2001 à 2015, les échanges commerciaux des pays bénéficiaires avec les Etats-Unis s’élevaient à 50 milliards de dollars en 2014, avec un pic de 100 milliards en 2008, l’année où le Togo faisait son entrée.

En juillet 2015, le président américain Barack Obama avait signé son prolongement jusqu’en 2025. Son assistant Michael Froman qualifiait alors l’AGOA de « pierre angulaire […] depuis 15 ans » des relations commerciales entre les Etats-Unis et l’Afrique.

Au total plus de 6000 produits africains en bénéficient et en 2024, 39 pays africains ont adhéré au programme. Cependant, le programme s’achève cette année qui coïncide avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison et la prise du contrôle du Sénat ainsi que de la Chambre des Représentants par le parti républicain.

L’AGOA sera-t-elle renouvelée quand on se rappelle qu’au cours de son administration précédente, Trump avait déclaré que le programme ne serait pas renouvelé à son expiration en 2025 et que lors de la campagne électorale de 2024, l’homme d’affaires s’est engagé à mettre en place un droit de douane universel de 10% sur tous les produits fabriqués à l’étranger ? Une mesure, si elle se concrétisait, rendrait les produits importés plus chers, et les exportateurs africains seraient donc susceptibles de vendre moins de leurs produits sur le grand marché américain.

Mais pour beaucoup d’observateurs cités par BBC, si l’administration Trump voulait contrer l’influence économique croissante de la Chine en Afrique, le nouveau président se devrait de reconsidérer ses discours électoralistes. Ces derniers mettent en avant Prosper Africa, une initiative prise en 2018 par Trump et qui vise à accroitre les échanges commerciaux et les investissements bilatéraux entre les États-Unis et l’Afrique via la Development Finance Corporation (DFC). « Depuis juin 2019, le gouvernement américain a contribué à la conclusion de 2 498 transactions dans 49 pays pour une valeur totale estimée à 120,3 milliards de dollars », précise Prosper Africa sur son site Internet.

Selon les informations, le Président Joe Biden a maintenu ces deux entités – AGOA et Prosper Africa – en activité après sa prise de fonction et la DFC affirme avoir investi plus de 10 milliards de dollars en Afrique. D’ailleurs, le Département d’Etat américain renseigne que « les États-Unis ont soutenu et aidé à conclure 547 accords d’une valeur totale estimée à 14,2 milliards de dollars en nouveaux échanges commerciaux et investissements bilatéraux entre les États-Unis et des pays africains. Cela représente une augmentation d’environ 60 % du nombre et de la valeur des contrats conclus en 2022 ».

Ben Latévi

 

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