Politique

Traque des voix critiques : Deux jeunes de Tournons La Page enlevés

La répression contre les voix dissidentes s’intensifie au Togo. Depuis les manifestations des 6, et 26, 27 et 28 juin, de nombreux jeunes et militants de la société civile sont victimes d’arrestations arbitraires et d’intimidations. Vendredi, deux jeunes membres du mouvement Tournons la Page – Togo (TLP-Togo), Armand Agblézé et Oséi Agbagno, ont été enlevés par des hommes à bord d’une voiture banalisée.

Selon des informations relayées par l’activiste Fovi Katakou, les deux jeunes ont été conduits vers une destination inconnue. « Nous lançons une alerte urgente à toutes les organisations de défense des droits humains, nationales et internationales, afin de garantir leur intégrité physique et leur libération rapide », a alerté Fovi Katakou.

D’après des témoignages, les deux jeunes Togolais ont été conduits dans les locaux du SCRIC. « Hier (samedi), juste après que l’information a circulé sur les réseaux sociaux, un numéro m’a appelé pour me dire qu’ils ont été conduits au SCRIC. Je crois que c’est la voix de l’un d’entre eux. Et le temps que je réponde pour en savoir plus, l’appel a été coupé », a confié un acteur de la société civile, quoi a confirmé plus tard qu’ils ont été effectivement conduit au SCRIC.

Cette arrestation intervient dans un contexte déjà marqué par plusieurs incidents similaires. A croire que le mouvement citoyen Tournons La Page (TLP) avec plus de 250 organisations membres dans plus de 10 pays africains fait peur au régime togolais. Le 02 septembre 2024, deux jeunes béninois, membres d’organisations de la société civile, avaient été interpellés à Lomé en compagnie du journaliste Rodrigue Ahégo, membre du Front Citoyen Togo Debout (FCTD) et de TLP-Togo. Menottés, embarqués dans un véhicule immatriculé au Nigeria, ils furent conduits à la gendarmerie de Djidjolé où ils subirent un interrogatoire musclé et un relevé d’empreintes, comme de dangereux criminels. L’affaire avait suscité l’indignation de plusieurs organisations régionales de défense des droits humains.

En avril 2025, une militante togolaise des droits humains, naturalisée américaine, avait également été suivie et espionnée lors d’une visite à Lomé. L’individu suspect, pris en flagrant délit de filature par ses camarades du FCTD, avait pris la fuite après que la militante eut menacé de transmettre des images de lui aux autorités américaines.

Le 14 mai 2025, en marge de la première Conférence de l’Union africaine sur la dette publique organisée à Lomé, une citoyenne africaine accompagnée de son bébé a été persécutée avant d’être expulsée manu militari. Elle fut accusée, « sans preuves », d’avoir mené des « activités parallèles » au sommet après avoir simplement rencontré un membre de TLP-Togo. Escortée de force à l’aéroport, séparée de ses effets personnels, elle a été humiliée et traitée comme une délinquante.

Deux jours plus tard, le 16 mai 2025, deux journalistes de la télévision russe RT, en séjour à Lomé pour un documentaire, ont connu le même sort. Après avoir interviewé des responsables de la société civile, ils furent interpellés dans leur hôtel, interrogés durant des heures puis expulsés vers le Bénin. Leurs passeports, comme dans le cas de la militante africaine, n’avaient pas été cachetés par le service d’immigration togolais, renforçant le caractère arbitraire de cette expulsion.

De plus en plus, le régime assimile toute expression critique ou simple contact avec des militants à une menace. Pour les observateurs, les arrestations, expulsions et intimidations traduisent la peur qu’inspire le mouvement Tournons La Page, présent dans plus de dix pays africains avec 250 organisations membres.

Le sort réservé à Armand Agblézé et Oséi Agbagno reste pour l’heure inconnu. Mais leur interpellation confirme que la traque des voix critiques s’intensifie.

Joël D.

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