
Loi de finances rectificative, gestion 2025
Gouverneurs, conseillers régionaux, sénateurs…quel visage aura le collectif budgétaire ?
Une chose est de créer des institutions à tout-va, mais une autre est de disposer de fonds nécessaires pour faire face aux contraintes budgétaires. La loi de finances gestion 2025 connaitra bientôt des modifications, mais dans le mauvais sens. Or, les signaux affichés à la fin du premier trimestre ne prêtent pas au sourire. Et avec la germination de nouvelles institutions, on se demande à quelle sauce seront mangés les citoyens qui tirent déjà le diable par la queue.
Selon les chiffres du ministère de l’économie et des finances, les dépenses mandatées à fin mars 2025 s’élèvent à 580,71 milliards FCFA sur une prévision annuelle de 2388,82 milliards FCFA. Or dans la même période, la direction générale du budget a fait état d’une mobilisation des recettes fiscales à hauteur de 258,06 milliards FCFA sur une prévision annuelle de 1208,36 milliards FCFA. Et quand on sait que la base de mobilisation des ressources dans tout pays repose sur les recettes fiscales, on est tenté de se demander si le gouvernement ne vit pas au-dessus de ses moyens.
L’office togolais des recettes (OTR) ne cesse de porter à la hausse ses prévisions de mobilisation de recettes fiscales ; mais lorsqu’on constate que le budget annuel fait presque le double des recettes fiscales, il y a lieu de s’interroger sur la pertinence des prévisions des dépenses en lien avec les capacités de mobilisation du pays. Car, faire reposer près de 50% du budget sur les recettes non fiscales et les recettes du trésor public semble un exercice risqué. Mais si en plus de ce risque, le budget doit bientôt être grevé d’autres dépenses somptuaires et somptueuses, alors, il devient urgent que les autorités s’expliquent quant à la pertinence de leurs choix.
Ils sont désormais 179 conseillers régionaux dont les émoluments viendront s’ajouter aux dépenses budgétaires. Sans omettre les 5 gouverneurs avec leurs avantages et salaires. Et ce n’est pas fini ; 61 sénateurs nommés et élus vont également trouver pitance grâce au même budget de l’Etat. Or, il se trouve que la loi de finances, gestion 2025 n’a pas intégré ces nouvelles dépenses au moment de son vote et sa promulgation. En d’autres termes, un collectif budgétaire sera bientôt sur la table des députés monocolores pour adoption. Et le doute ne sera pas permis quant à l’issue du vote, le suivisme et l’instinct grégaire étant les choses les mieux partagées par les députés actuels, du moins la majorité.
Mais et après ? Que se passera-t-il ? Les dépenses ne seront plus ce qu’elles étaient dans la loi de finances initiale votée fin décembre 2024 ; elles devront augmenter significativement, ce qui risque de creuser encore le déficit budgétaire. A moins que l’Etat ne se résolve à abandonner l’exécution de certaines dépenses d’ordre prioritaire pour satisfaire les membres de ces nouvelles institutions. Il ne serait même pas surprenant que des secteurs sociaux subissent des coupes dans ce sens.
Il n’est pas superflu de rappeler que rien qu’en cette année, le cumul de la dette intérieure et extérieure ainsi que leurs intérêts que doit le Togo, s’élèvent à plus de 877 milliards FCFA. Sur un budget de 2388,82 milliards ou sur des prévisions de recettes fiscales annuelles de 1208,36 milliards FCFA. Comment cette équation sera-t-elle résolue ?
Ailleurs, des pays soucieux du bien-être de la majorité n’hésitent pas à effectuer des coupes ou des réductions sur les gros salaires comme ceux des députés, gouverneurs et autres ministres, chef de gouvernement et chef d’Etat.
Malheureusement au Togo, on assiste au contraire ; ce sont de nouvelles institutions budgétivores qui naissent, des budgets d’autres institutions comme la présidence, qui augmentent. A cette allure, il devient illusoire d’espérer dans le court terme une réduction du déficit budgétaire et donc une maitrise de l’endettement, étant donné que les taux d’intérêts des banques commerciales sur les marchés financiers ne connaissent pas de décrue.
Dans des conditions normales de pression et de température, le budget devrait être mieux exécuté si vraiment l’objectif poursuivi est réellement la gestion axée sur les résultats. Le Togo contracte des prêts, ce qui n’est pas une surprise. Mais c’est la manière dont ces prêts sont gérés qui interpelle. Les attentes sont énormes de la part des populations ; désormais, depuis la présidence jusqu’aux conseillers municipaux, le parti au pouvoir a tout raflé, avec ou sans la manière. Mais alors, ceux qui sont aux affaires doivent montrer que sans des voix critiques, ils peuvent assurer et rassurer les citoyens dans la gestion du pays. Malheureusement, les années se succèdent sans un changement de paradigme. On attend le collectif budgétaire pour constater la trajectoire que prendra le budget rectificatif.
Godson K.




