Politique

Disparition forcée du créateur de contenu « A votre avis » : L’OMCT et la FIDH interpellent les autorités togolaises

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (partenariat de l’OMCT et de la FIDH) a alerté, le 29 août, sur une nouvelle disparition forcée au Togo. La victime n’est autre que René Missode Koffi, alias « A votre avis », créateur de contenu connu pour ses prises de position en faveur de la justice et de l’alternance démocratique.

Selon les informations relayées par le Centre de Documentation et de Formation aux Droits Humains (CDFDH), membre du réseau OMCT SOS-Torture, René Missode Koffi, détenu arbitrairement à la prison civile de Lomé depuis le 9 juillet 2025, a été sorti de sa cellule disciplinaire le 22 août par des individus en civil. Ces derniers, soupçonnés d’appartenir aux forces de l’ordre, l’auraient emmené vers une destination inconnue.

Trois jours plus tard, un proche venu lui rendre visite a appris officieusement qu’il aurait été conduit « à la gendarmerie vers le carrefour Bodjona », ce qui laisse penser à un possible transfert au Service Central de Recherches et d’Investigation Criminelle (SCRIC). Mais aucune confirmation officielle n’a été donnée.

Quelques jours avant son enlèvement, le 18 août, « A votre avis » avait fondé le mouvement « Justice pour les Prisonniers Politiques et les Prisonniers de Liberté Publique » (JPPP/JPLP). Avec ses codétenus, il projetait de lancer une grève de la faim illimitée dès le 27 août pour exiger le respect des droits des prisonniers politiques au Togo.

Ce n’est pas la première fois que René Missode Koffi est victime de disparition forcée. Déjà le 27 juin 2025, il avait été enlevé en plein direct sur TikTok, alors qu’il dénonçait la répression de la jeunesse lors des manifestations de juin. Il avait subi des actes de torture dans un lieu secret avant d’être présenté à la justice et placé sous mandat de dépôt pour « trouble aggravé à l’ordre public », « atteinte à la sûreté intérieure de l’État » et « incitation à la révolte populaire ».

Face à cette nouvelle disparition, l’Observatoire condamne fermement une situation qui apparaît comme une sanction directe des activités militantes de René Missode Koffi. L’organisation appelle les autorités togolaises à révéler son sort et son lieu de détention, à garantir son intégrité physique et psychologique, et à le libérer immédiatement et sans conditions.

Elle exhorte également l’État togolais à ouvrir une enquête sur les circonstances de son enlèvement, et à incriminer la disparition forcée comme une infraction autonome dans la législation nationale, conformément aux obligations découlant de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées (CED), ratifiée par le Togo.

L’Observatoire rappelle que la liberté d’expression et d’association est protégée par la Constitution togolaise de 2024, la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le 28 juin dernier, la Rapporteuse spéciale des Nations unies sur la liberté de réunion avait déjà exhorté le gouvernement togolais à garantir les droits de l’activiste.

Dans son appel, l’Observatoire insiste sur la nécessité de garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de René Missode Koffi dit « A votre avis » et de l’ensemble des défenseurs des droits humains au Togo. L’organisation exige que son sort et le lieu où il se trouve soient immédiatement révélés, afin qu’il puisse avoir accès à sa famille et à ses avocats. Elle demande par ailleurs l’ouverture d’une enquête indépendante pour déterminer les responsabilités dans cette disparition forcée, ainsi que la libération immédiate et inconditionnelle de « A votre avis » et de plusieurs autres défenseurs détenus arbitrairement, dont Honoré Sitsopé Sokpor alias Affectio, Aziz Goma et Foly Satchivi. Enfin, l’Observatoire exhorte les autorités togolaises à réviser leur Code pénal afin d’y inscrire la disparition forcée comme une infraction autonome, sans se limiter à la notion de « détention prolongée ».

Joël D.

 

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